Au tout début du cinéma, on ne parle pas encore de films mais de vues, celles des frères Lumière. Ces vues viennent de la photographie :
Leur but est de montrer le plus de choses possibles, de capturer le réel de la vie quotidienne, elles sont réfléchis. Chaque vue est un moment unique qui peut rencontrer des imprévus. Une vue lumière c'est "surprendre la nature sous son meilleur aspect".
Ci-dessous une vue lumière : la bataille de neige (1897)
Dans le même temps, il y a la naissance des tableaux de Georges Méliès. Ces tableaux viennent du spectacle :
Chaque tableau est strictement mis en scène avec un début et une fin. C'est le début des effets spéciaux et surtout de la fiction. Ceci est possible grâce à la création du plan composite.
Plan composite : plan qui est composé de plusieurs plans superposés, en surimpression. Il permet par exemple de créer des décors en surimpression.
Ci-dessous un tableau de Méliès : Le mélomane (1903)
Donc jusqu'en 1910 environ, les films se présentent toujours sous le même aspect : un bobineau de pellicule 35 mm de 20 mètres au plus sur lequel est impressionnée une unique prise de vue comprenant un seul cadrage (un plan), qui, en projection, dure moins d’une minute.
A partir des années 1940, l'angle de vue devient important, il devient symbolique et idéologique. La longueur des scènes devient importante, ainsi le cinéma quitte le monde du théâtre pour devenir un art à lui seul.
Les différentes valeurs de plan apparaissent, un plan d'ensemble permet de fixer le décor mais ne fait pas avancer l'histoire ; un plan rapproché permet de faire avancer l'histoire en montrant une action ; un gros plan procure toujours beaucoup d'émotions, il ne faut donc pas en abuser !
Avec le montage, la durée des plans se raccourcit.
Le point de vue c'est l'endroit où l'on se place pour avoir la meilleure vue possible d'un objet, d'une personne. Il permet d'exprimer une opinion particulière.
Le genre de la course poursuite commence d'abord par se développer, il entraîne la création des
raccords de direction, l'utilisation de tout le cadre, une variation des points de vue ...
C'est la naissance des premières petites fiction avec les westerns, les séries, les comédies. C'est le début des gros plans, des plans rapprochés, d'ensemble ...
Auparavant le public n'était absolument pas prêt à voir un gros plan sur un grand écran. Chaque oeuvre provient d'une époque où les gens ne pensaient pas de la même façon.
C'est le début du montage alterné, avec par exemple M Le Maudit de Fritz Lang en 1932.
Rappel sur les différents points de vue d'un plan :
Il faut prévenir le spectateur de l'arrivée d'un plan subjectif par un plan objectif (ex : 1er plan : on voit toto qui regarde dans des jumelles (= plan objectif) ; 2ème plan : on voit ce que voit toto à travers ses jumelles (=plan subjectif))
Dans un court-métrage, il est important d'utiliser des clichés (dans la cadre, la lumière, les costumes ...) car dans un court-mét nous n'avons pas assez de temps, les clichés sont donc important pour vite comprendre.
Le point de vue est à la fois physique, social, idéologique et psychologique. Le choix de l'emplacement de la caméra (= point de vue physique) engendre aussi un choix de vision du cinéaste.
Conclusion : Dans les premiers films (vues, tableaux) du cinéma, il n'y avait qu'un seul point de vue frontal unique dans un plan unique et objectif (comme au théâtre). Le développement de la course poursuite a permis la transition (on sort de scène, du théâtre) avec la diversification des points de vue puis les westerns ont permis un autre changement de point de vue : celui des grands espaces. Maintenant les plans sont courts (quelques secondes) et ils forment ensemble une cohérence. Avec le point de vue subjectif, on inclue le spectateur dans le film.
Le son doit servir à quelque chose dans la narration (il donne des infos, met du suspens, participe au décor).
Il existe 4 familles de son :
Ces différents sons peuvent venir de 3 endroits, ils peuvent être :
Exemple : Petite analyse de la position de la musique dans cette séquence d'Apocalypse Now (à partir de 0:30)
Dans cet extrait, la musique qui apparaît à 1:18 fait bien partie de la narration, elle n'est pas off. En effet la musique est in dans le plan de 1:18 à 1:22 car on voit nettement à l'écran la source, puis elle est hors-champ car nous et les personnages continuons à entendre cette musique mais on ne voit plus sa source (le haut-parleur). De plus, les paroles des personnages le confirme "music", cette musique est ensuite coupée à 2:33 car la source de la musique est trop éloignée, puis quand les hélicoptères se rapprochent, la musique réapparaît en crescendo à 2:50. Donc cette musique est in puis hors-champs, elle est intégrée à la narration.
Exemple de l'importance de la bande sonore :
de 32:50 à 37:50
Le son indique souvent au spectateur comment va se terminer la scène.
Le son et l'image ne sont pas forcément cohérents, on peut par exemple avoir une image objective mais avec un son subjectif.
Commençons par une petite définition, le montage c'est la synthèse des images et des sons après le tournage.
Monter, c'est organiser 3 temps : le temps réel (lié au tournage), le temps fonctionnel (lié à l'histoire) et le temps ressenti (lié au public).
L'introduction de la notion de plan va introduire celle du montage.
Grâce aux évolutions techniques, on commence à coller bout-à-bout des tableaux parfois sans lien entre eux. On peut les regrouper selon un même sujet, on crée une histoire.
Au début du cinéma, on parle plutôt d'assemblage. Le genre de la course poursuite introduit le récit et la notion de montage, de rythme des images et de leur continuité. On utilise des entrées et des sorties de champ : ce sont les premiers raccords de direction.
Voyons maintenant comment les grands cinéastes de l'époque mettaient le montage au service de leur histoire :
On remarque que le montage américain est un montage narratif, il sert l'histoire et doit être le plus naturel possible contrairement aux russes.
A Hollywood, les studios prennent de l'importance, il y a la mise en place de la division du travail, les réalisateurs sont mis de côté pour mieux contrôler l'éclairage, les décors ... Ensuite au moment du montage, il n'y a plus du tout de réalisateur : c'est la loi du final cut, le réalisateur n'a plus son mot à dire, il n'est plus maître de son film. Tout ceci permet un encadrement plus facile de l'équipe. A cette même époque, on met en place le montage classique (1920) avec notamment la régle des 180°, le respect des raccords (mouvements, directions, plastiques ...), le respect des trois unités et une narration linéaire et simple.
Pour terminer, quelques citations de réalisateur :
"Montage. Passer d'images mortes à vivantes" Robert BRESSON
"Le montage est avant tout le fin mot de la mise en scène. On ne se sépare pas l'un de l'autre sans danger. Autant vouloir séparer le rythme de la mélodie" J.L. GODARD 1956
"Les gens pensent que rythme égale action rapide, montage frénétique, personnage courant dans tous les sens, alors que ce n’est pas cela du tout. Un film a un bon rythme quand il réussit à mobiliser en permanence l’esprit du spectateur." Alfred HITCHCOCK