La lumière artificielle

Comment éclairer une scène de film ?

Au cinéma, la lumière est un outil indispensable à tout film, non seulement elle permet d’éclairer la scène filmée (sinon il ferait tous noir !) mais elle permet aussi surtout de transmettre des messages, des émotions. Quels sont les différents types de lumière utilisable en cinéma ?

Les différents types de lumière en cinéma

La lumière artificielle : Tungstène

Les lampes tungstènes (ou halogènes) communément appelées "mandarine" (car orange) en cinéma, ce sont des projecteurs à face ouverte à réflecteur parabolique. Elles sont utilisées sur des petits plateaux de tournage et uniquement en intérieur. Elles utilisent une lampe qui délivre une température de 3200 K (=2900 °C) d'où leur dominante chaude jaune/orangé. Mais il est possible de corriger cette dominante chaude en fonction des besoins avec par exemple un correcteur CTB.

 

Attention : ces lampes à filaments ont une courte durée de vie, il est donc nécessaire de toujours avoir un stock de lampe de rechange lors des tournages. De plus attention aux brûlures, risque d'incendies dû à la forte chaleur de la lampe.

Exemple de scène éclairée en lumière artificielle : Abracadabrantesque ! Allégories, les tableaux photographiques.

Cette scène a été mise en lumière avec seulement deux Blondes (2kW) et six Dedolights (250W). Les Blondes assurent le niveau général de la pièce en indirect et l’éclairage direct constitué par les Dedolights, peu diffusées, accentue les détails important et les visages des comédiens.

La lumière du jour : HMI

Les lampes HMI ont une température de 5600K, ce qui correspond à une température de couleur froide/bleuté qui se rapproche de la lumière du jour.

 

Ce type d'éclairage ne se connecte pas directement sur le secteur mais à un ballast particulièrement lourd et encombrant. De plus, il nécessite un temps d'attente avant d'être utilisable afin que la lumière prenne la bonne température de couleur. Il faut donc éviter de l'allumer et de l'éteindre sans cesse !

Les HMI sont utilisés sur de gros plateaux de tournage pour simuler la lumière du jour qui entre dans une pièce par exemple ou en extérieur à l'aide de très grosses sources.

Les tubes fluorescents

Tubes fluorescents

Ils permettent d'obtenir une lumière douce, leur intensité est plus faible comparée aux tungstènes et HMI, ils sont idéals pour faire un éclairage très diffus. Ils existent en lumière du jour ou artificielle.

 

Ces lampes ont une durée de vie longue et ne s'échauffent pas. Possibilité d'allumer séparément les tubes pour doser plus précisément l'intensité de la lumière. Mais ils ont une capacité d'éclairement assez faible, ils sont donc recommandés que dans le cadre de scènes très douces et doivent être placés à une faible distance des comédiens.

Les panneaux LEDS

Panneau LEDS

De plus en plus utilisés, les panneaux LEDS disposent des mêmes avantages que les tubes fluorescents, il est possible de régler la température de couleur et l'intensité de la lumière. Ils ont également une durée de vie très longue et une faible consommation. Ils peuvent aussi être connectés à une batterie, ce qui permet de les utiliser en éclairage d'appoint en extérieur.

Le rôle de la lumière

Quand on tourne un film, il est important de se demander :

"Qu'est-ce que je souhaite montrer et exprimer dans ce plan ?"

Que se passe t'il dans cette scène ? Quelle est l'ambiance à créer ?

Qu'est-ce que je veux montrer et mettre en lumière ? Qu'est-ce que je veux laisser dans une zone d'ombre ?

Les réponses apportées vont permettre de guider le regard du spectateur sur le plus important, sur ce qu'il doit suivre de l'action et non sur des objets parasites au sens de la scène : son regard sera attiré par les objet les plus fortement éclairés.

 

Par exemple, nous n'éclairerons pas de la même manière, dans une chambre, un rendez-vous amoureux qui est une situation qui évoque immédiatement une lumière diffuse, douce, ainsi que des teintes chaudes et rassurantes ... qu'une réunion clandestine de mafieux, dans cette chambre, en train de partager leur dernier butin. Le chef pourrait être mis en valeur par une lumière très directionnelle et dure. Autour de lui, les brigands, à son service (personnages secondaires et sous les ordres du grand chef) ne seraient discernables par le spectateur que grâce à des lumières douces en réflexion sur le groupe qu'ils forment. Ce choix simple appuie sur l'importance de la hiérarchie dans cette situation et génère une tension dans cette scène.

 

La hiérarchisation de la lumière dans l'image est expressive. La lumière transmet un message. Faire les bons choix lors de la mise en place de l'éclairage permet de dire bien plus de choses sur l'aspect psychologique, narratif et émotionnel des personnages et de l'intrigue.

Quatre paramètres de la lumière

Pour répondre aux questions posées précédemment, on peut agir sur 4 paramètres de la lumière :

 

L'intensité de la lumière :

 

L'intensité lumineuse est une grandeur physique qui correspond au pouvoir éclairant d'une source lumineuse ponctuelle. L'unité photométrique d'intensité lumineuse visuelle est la candela (cd). Tout comme les autres grandeurs photométriques, l'intensité lumineuse dépend directement de la sensibilité de la vision humaine : c'est une grandeur perceptive.

 

 

L'intensité générale : l’image dans son ensemble doit être correctement exposée, même une scène de nuit nécessite un minimum d'éclairage, il est plus simple de retoucher celle-ci lors de l'étalonnage.

 

Papier cinefoil : papier noir opaque à la lumière pour éviter les "mouches" lumineuses
Papier cinefoil : papier noir opaque à la lumière pour éviter les "mouches" lumineuses

L'intensité par zone : Un plan doit respecter des normes techniques, sans sous-exposition et sans sur-exposition. Mais nos choix artistiques peuvent nous mener à créer des écarts d'intensité dans une même image. Les intensités des différentes sources doivent être réglées séparément : un objet destiné à rester en arrière plan sera moins éclairé que l'acteur principal en avant plan.

 

Utiliser une source en réflexion peut régler des problèmes d'expositions et masquer des ombres indésirables sans déséquilibrer la composition. De même que l'utilisation de calques de diffusions et de papier cinefoil sur les sources permettra de correctement doser l'intensité lumineuse.

 

La direction de la lumière :

La direction de la lumière donne aussi un sens particulier aux scènes et ne doit pas être négligée.

Un éclairage placé à côté de votre comédien aura pour effet de contraster son visage, une moitié de celui-ci sera plongée dans le noir alors que l'autre moitié sera éclairée donc le visage paraîtra plus inquiétant et cela pourra dramatiser la situation et renforcer le jeu du comédien.

Une lumière forte placée à l'arrière d'un personnage va créer un contre-jour, qui peut accentuer une ambiance inquiétante au surnaturel. Les possibilités sont donc multiples, à vous de les tester !

© Ingrid Bergman
Lumière frontale : ombres courtes et denses
© Gaspard Ulliel dans Hannibal Lecter, les origines du mal, de Peter Webber
Lumière latérale : contraste très important
© Orange Mécanique, Stanley Kubrick
Le contre-jour

 

La qualité de la lumière :

 

Il existe des lumières douces et des lumières dures

 

La lumière douce : il s'agit d'une lumière diffusée, les ombres ne sont pas marquées sur le sujet, la lumière est uniforme, plus flatteuse pour les visages, c'est elle qui est utilisée dans la plupart des plans avec comédiens.

 

La lumière dure : il s'agit d'une lumière peu ou pas diffusée qui génère des ombres franches et marquées et de forts contrastes sur le sujet. A n'utiliser que si votre intrigue à besoin de cet effet particulier.

 

L'utilisation de supports réfléchissants pour éclairer en indirect ou bien de calque de diffusion sur les sources lumineuses, vous permettra de doser correctement l'intensité et la dureté de votre l'éclairage. Le papier cinefoil permet de sculpter la lumière et de préciser sa direction.

 

 

La lumière douce va diminuer contraste et saturation ainsi qu’adoucir les traits du visage
La lumière douce va diminuer contraste et saturation ainsi qu’adoucir les traits du visage
La lumière dure renforcera les traits du visage.
La lumière dure renforcera les traits du visage.

 

La température de couleur :

 

Elle s'exprime en Kelvin. Toute source de lumière présente une dominante colorée déterminée par sa température de couleur. Contrairement à ce que l'on peut penser, les couleurs froides ont des températures chaudes (7000K) et les couleurs chaudes comme l'éclairage tungstène ont des températures froides (3200K).

Un réglage correct de la balance des blancs permet d'étalonner le capteur et restitue fidèlement les couleurs sans dominante colorée non désirée.

Vous pouvez également choisir un réglage de balance des blancs qui générera une dominante chaude ou froide à l'image mais mieux vaut créer cette dominante à partir d'une balance des blancs correcte et à l'aide de gélatines colorés placées sur les sources et accentuer ensuite celle-ci à l'étalonnage plutôt que de rattraper des plans mal réglés en tournage présentant une dominante trop forte en postproduction.

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